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enduits à la chaux, réalisation et application

enduits à la chaux, réalisation et application

TECHNIQUE : LES ENDUITS A LA CHAUX

LA PREPARATION :

Elle est assez délicate, et exige du maçon un savoir faire, ou une formation à ces techniques; aussi le mélange de la chaux, du sable et de l’eau n’est guère aisé avec une bétonnière habituelle vu la trop grande onctuosité du mortier; la tendance est alors de trop mouiller le mortier par manque de matériel adéquat (nécessité d’utiliser des malaxeurs horizontaux). Un mortier trop mouillé générera du faïençage au séchage.

LA MISE EN OEUVRE :

Pour la mise en oeuvre de l’enduit, il est nécessaire de bien observer les maçonneries et de savoir « lire » les surfaces (pierres de moellonnage, pierres de taille, pierres de modénature ou d’encadrement…) afin d’appliquer une épaisseur raisonnable d’enduit qui doit se tendre sur la maçonnerie et venir mourir sur les pierres à montrer, sans effet de harpage ou de double encadrement (type « poste de télévision »); le but est de conserver le relief propre de la façade, sans réinterpréter son architecture... Remarques: Bétonnière proscrite. Egalement les machines à projeter sont à éviter, car elles facilitent l’excès d’épaisseur de l’enduit, et ne permettent pas assez de « coller » l’enduit à sa maçonnerie. Le mortier de chaux étant trop onctueux, il ne passe pas par les tuyaux de ces machines...

TECHNIQUES : ENDUITS A LA CHAUX

Les corps d’enduits: Ils sont généralement au nombre de trois ou deux, et très minces:

 la couche d’accroche, maigre,

 la couche de dégrossissage, ou corps d’enduit, encore très sablonneux,

 la couche de finition, assez grasse…

 … et son traditionnel badigeon à la chaux pour sa protection et sa décoration.

LES FINITIONS :

L’utilisation de la taloche s’est trop généralisée depuis une trentaine d’année, car elle permet de travailler vite, et avec des épaisseurs d’enduit importantes; cet outil n’est apparu qu’au XIXème siècle et ne devrait donc pas être utilisé sur des immeubles plus anciens! Seule la finition à la truelle permet de travailler des épaisseurs moindres, et donne un meilleur rendu à la surface (lisse, sans trace de sable, ni cet effet vermiculé).

L’enduit teinté dans la masse est possible dès lors que le poids de pigments ne dépasse pas 3% du poids de chaux; au delà, la quantité de fines est trop importante, et il est nécessaire d’ajuvanter, donc de pervertir l’enduit, de le rendre hydrofuge, et donc contraire aux qualités propre de la chaux…

 

Remarque: Les machines à projeter sont à éviter, car elles facilitent l’excès d’épaisseur de l’enduit, et
ne permettent pas assez de « coller » l’enduit à sa maçonnerie. Le mortier de chaux étant trop
onctueux, il ne passe pas par les tuyaux de ces machines...

NB: les enduits teintés dans la masse sont des faux historiques; ils n’ont jamais existé et sont de purs produits industriels incompatibles avec les maçonneries traditionnelles, et vieillissent très vite, brillent et se décollent à terme…

LES ENDUITS PRETS A L’EMPLOI :

Le monde industriel du bâtiment nous propose un certain nombre de produits prêts à l’emploi, contenant le liant et le sable déjà mélangé ; le contenu exact de ces produits est protégé par des droits et secrets de fabrication, ce qui ne permet pas de connaître exactement leurs caractéristiques (dès lors qu’il s’agit de mélange, la norme de chaux n’est plus indiquée). On se trouve alors face à des produits aux noms évocateurs, mais contenant des quantités de ciments et adjuvants non négligeables et préjudiciables pour les maçonneries et les finitions traditionnelles. Il est donc nécessaire que le maçon réalise sa préparation lui même avec des chaux bien identifiées et des sables aux granulométries et couleurs connues. Aucun adjuvant n’est nécessaire pour les corps d’enduits.

CONCLUSION

L’enduit doit respecter le bâti et la maçonnerie sur lequel il va être appliqué; il n’y a pas de bon ou mauvais enduits ou liants, mais des bons ou des mauvais choix de restauration et de méthodes d’application. Utiliser la chaux est bien souvent l’apprentissage d’une culture oubliée; pour les architectes, c’est aussi une autre compréhension de l’architecture.

LE CHOIX DES SABLES

Le choix d’un sable pour la réalisation d’un mortier n’est pas un acte neutre; le sable représente 80% de la masse du mortier.

 Résistance: il constitue l’ossature du mortier; les gros grains assurent la résistance mécanique, et les grains fins la plasticité.

 Coloration: l’effet de transparence de la chaux laisse ressortir la coloration des sables utilisés.

 Variation de l’aspect: les sables locaux personnalisent l’aspect du mur; à chaque région son mortier. Un bon mortier doit présenter une grande richesse de taille de granulats.

Les enduits prêts à l’emploi présentent généralement des mélanges de sables de trop pauvre variété, trop fins, où le liant tient une place trop importante. Une granulométrie riche permet de « remplir tous les vides » qu’alors le liant pourrait occuper en trop grande quantité (d’où encore des risques de faïençage).

pour un Mortier d’enduit de la fin du 18ème: les grains sont très variés (jusqu’à 10mm)

pour un Mortier d’enduit prêt à l’emploi, constitué de grain trop fin, trié, et une quantité de liant trop importante... moindre résistance et risque de faïençage!!!!

Réaliser soi-même son mortier est assurément un gage de réussite; il est nécessaire dans un premier temps d’observer le mortier ancien encore présent sur les murs; il faut observer son liant, sa couleur et dureté, puis analyser les granulats (couleurs, provenance, tailles…). Alors à partir des matériaux disponibles aujourd’hui, il sera possible de préparer le mélange qui sera de teinte et de comportement identiques au mortier remplacé….